Humain ??? Maître ???

Le choix du terme "humain" pour désigner le compagnon bipède du chien au lieu du mot « maitre » est lourd de sens.

Il indique la prise en considération de la capacité d’initiative du chien et de son intelligence qui en font un collaborateur précieux et apprécié depuis la nuit des temps et dans de multiples activités. Il s’agit bien d’un collaborateur et non d’un esclave assujetti à nos caprices. Certes nous en sommes propriétaires au sens légal, mais surtout nous en sommes responsables. Si nous sommes nombreux à ne plus utiliser le terme de « maître » c’est bien pour signifier que nous reconnaissons à nos chiens leur authentique animalité et leur autonomie. Ils sont libres d’accepter et de refuser ce que nous leur proposons. C’est pourquoi l’éducation positive et bienveillante refuse l’éducation par la contrainte, puisque nous reconnaissons ce que le chien depuis toujours nous accorde : sa confiance et sa collaboration.

A nous d’en être digne.

Du savoir vivre avant toute chose

Pourquoi nous offrons- nous un café, un rafraîchissement à nos hôtes et même des biscuits ou autres gâteries?

Et pourquoi dit-on "merci" ?

Le don de nourriture est une haute marque d’intérêt pour l’être vivant qui en bénéficie, il témoigne de notre sollicitude à satisfaire ses besoins vitaux et à favoriser son bien-être. Il est la démonstration quand il est donné « gratuitement » que nous cherchons d’abord à rendre heureux celui qui le reçoit et de fait, ce don détend et met en confiance. C’est pour ça que nous offrons un café à nos hôtes, pour leur être agréable et par conséquent favoriser des échanges cordiaux.

Le « merci » qui en découle est la réciproque :  notre hôte nous rend grâce de notre bienveillance et par conséquent, nous sommes heureux nous aussi : c’est l’entente cordiale…

Avec les animaux, c’est la même chose lorsque nous voulons les apprivoiser : (Extraits du livre « le Petit Prince » Antoine Saint Exupéry)

  • Qu'est-ce que signifie “apprivoiser”?
  • C’est une chose trop oubliée, dit le renard. Ça signifie “créer des liens...”.
  • Créer des liens ?
  • Bien sûr, dit le renard. Tu n’es encore pour moi qu’un petit garçon tout semblable à cent mille petits garçons. Et je n’ai pas besoin de toi. Et tu n’as pas besoin de moi non plus. Je ne suis pour toi qu’un renard semblable à cent mille renards. Mais, si tu m’apprivoises, nous aurons besoin l’un de l’autre. Tu seras pour moi unique au monde….

Et pour apprivoiser que faire d’autre que montrer à l’autre que nous avons souci de lui ? Nous mettons ainsi l’animal en confiance car nous lui faisons la démonstration de notre bienveillance.

Un éducateur canin racontait l’anecdote suivante : 

Les responsables d’un refuge lui demandaient d’intervenir auprès d’un chien particulièrement difficile, voire dangereux. Dans son box, impossible d’approcher de lui ; l’animal sur ses gardes ne souhaite aucun contact. Malencontreusement, un cervelas entier tombe de la sacoche de l’éducateur devant le nez du chien que celui-ci dévore sans hésiter. Et là, changement total d’attitude de sa part : rassasié et satisfait de ce don, il laisse l’éducateur s’approcher, lui mettre le harnais et le reste de la séance se passe sans encombre…

Pour autant, cela ne signifie pas qu’engraisser notre entourage est une marque d’amour. Le don alimentaire a ses limites. Il n’est qu’une première étape dans la mise en relation, la bonne entente.

Du bon usage des outils du coach

La plupart du temps, nous récompensons les efforts accomplis et permettons donc à l’individu de progresser en l’incitant à persévérer. Cependant, pour être efficace les marques d’estime et de reconnaissance doivent être proportionnées à l’effort entrepris :

  • Trop minimes, mesquines, elles découragent car l’individu ne se sent pas reconnu, voire méprisé
  • Exagérées, disproportionnées, elles mettent mal à l’aise, blasent et invitent au chantage et à la paresse…

Pour autant, nous sommes sensibles aux encouragements et aux mots gentils : celui qui est au fourneau quotidiennement apprécie sans se lasser qu’on reconnaisse la qualité de son repas jour après jour. Sans en faire des tonnes, un sourire, un mot de remerciement est toujours apprécié…

Alors que faire ? marquer notre intérêt pour l’autre, ses efforts, par nos attentions et notre gentillesse, que l’autre soit humain ou canin… tout le temps, mais avec doigté et discernement pour ne pas créer de malaise.

Avec nos chiens, il convient aussi de marquer notre enthousiasme et notre reconnaissance toute au long de sa vie, et de la journée… Nul besoin de lui donner des friandises, mais une caresse, un mot gentil et même un sourire sont les bienvenus (il est prouvé que les chiens sont sensibles à nos expressions faciales). Bien sûr, comme pour les humains, nous pouvons et devons :

Motiver (avant), encourager (pendant), féliciter (après) avec tout le répertoire possible : vocal, gestuel, matériel. Rien n’interdit de donner une friandise avant, pendant et après l’effort. Cependant, il faut savoir doser pour que ces stimulants conservent leur attrait et ne soient pas une source de marchandage. Toute la difficulté est là, la marque d’estime doit évoluer avec le temps, l’âge de l’individu et la difficulté de l’action pour que son attrait et son sens perdurent.

Si nous voulons rendre l’autre heureux, il faut que notre don lui corresponde :

  • On n’encourage pas les premiers pas du bébé, comme on encourage le bachelier qui passe ses examens ; c’est le même individu, mais il a changé.
  • Si le café à l’accueil est apprécié, il est inutile voire désobligeant d’en offrir à tout moment pendant une réunion.
  • Le premier petit plat préparé par l’adolescent sera salué sans doute par un applaudissement familial. Le parent qui prépare le repas à longueur d’année, sera sans doute mal à l’aise d’en faire l’objet. Un sourire et une moue de délectation lui suffira très certainement.
  • Le rappel pour le chiot ou le chien en apprentissage doit être largement motivé, encouragé et récompensé avec toute la panoplie à la disposition de son coach préféré et la friandise finale peut être la bienvenue. Une fois acquis, le coach reconnaîtra l’action et félicitera son compagnon de la voix et/ou du geste de façon plus sobre. Il faut admettre que le chien adulte est suffisamment « codé » pour ressentir notre approbation sans le soumettre au rituel du « bonbon ». On l’aidera ainsi à se comporter en chien adulte et équilibré.

Ils évoluent dans leur forme, mais encouragements et remerciements ne doivent jamais cesser…

Pour les humains comme pour les chiens…

 

Les outils du coach

La plupart du temps, nous récompensons les efforts accomplis et permettons donc à l’individu de progresser en l’incitant à persévérer. Nous félicitons ainsi :

  • Les enfants, avec le bon point donné à l’école, la bonne appréciation notée sur le carnet de correspondance qui invitent les parents à inciter l’enfant à continuer ses progrès en le félicitant chaudement,
  • Au travail, avec le mot d’encouragement après une grosse journée particulièrement chargée,
  • A l’entrainement avec les applaudissements, le coach salue la performance du sportif,
  • A la maison, avec le mot gentil quand le plat sorti du four embaume depuis la cuisine le séjour.

Dans ces circonstances, nous sommes tous sensibles à ces marques de bienveillance à notre égard, d’estimes, à ces mots gentils, qui prennent en considération notre travail et nous incitent ainsi à persévérer, à progresser encore et encore…. C’est ainsi que nous « grandissons » tout au long de notre existence et nos chiens également. Avec nos chiens, ce sont les caresses qui massent, détendent les muscles et procurent des sensations agréables à Rex qui vient d’arriver ventre à terre au premier rappel. Ces marques d’estime pour nous comme pour nos chiens peuvent s’exprimer sous de multiples formes :

  • Verbale : le mot gentil, les applaudissements,
  • Gestuelle : la caresse, la tape dans le dos, les embrassades, les gratouilles,
  • Matérielle : le cadeau, le café, le gâteau, … le bout de saucisse ou de fromage, une balle…

Humaines ou canines, ces marques ont la même finalité : encourager l’individu à poursuivre ses efforts en lui procurant un maximum de bien-être. De fait, comblé, il va chercher à renouveler ce moment agréable en poursuivant l’expérience. Pour autant, il convient également de distinguer :

  • Avant l’effort : il s’agit de motiver pour mettre toutes ses ressources en action,
  • Pendant l’effort : ce sont les encouragements à poursuivre et persévérer,
  • Après l’effort : les félicitations, récompenses viennent combler l’individu et l’incite à renouveler son exploit éventuellement afin de pouvoir savourer à nouveau toutes ces marques d’intérêt.

l'exemplarité de l'éducateur

Soyons clair, l'éducation canine (mais pas que) n'est pas un exercice, une activité spécifique qui se programme à un moment précis . C'est bel et bien, un art de vivre au quotidien avec nos proches qu'ils soient humains, canins ou autre. Nous l'avons évoqué précédemment, il s'agit bel et bien de codes sociaux, de politesse, (et oui), du savoir vivre que nous apprenons à nos enfants comme à nos chiens et surtout l'exemplarité que notre attitude leur inspire.. Comment exiger de nos enfants une attitude respectueuse si nous hurlons constamment, comment demander à nos animaux d'être calmes si nous sommes sans cesse excédés.

L'éducation s'enseigne à notre insu la plupart du temps car nous sommes observés par nos apprentis qui apprennent bien plus par notre attitude que par nos discours et les leçons que nous pensons parfois à leur donner.

Bref, tous les conseils que vous recevrez de la part de vos propres coachs en éducation canine seront vains si vous ne les appliquez que quelques minutes par jour.. En fait, un éducateur, (je parle bien des heureux humains qui viennent demander conseils pour bien éduquer leur cher toutou) doit toujours se remettre en question et faire preuve d'une grande humilité car la plupart du temps nous apprenons plus de nos élèves que l'inverse, si nous sommes prêts faire cet effort qui nous grandit.

Toujours.